Les trois Grâces

Par Raffaelo Sanzio, dit Raphaël (1483-1520), conservé au Musée de Condé (Chantilly)

" Trois jeunes beautés aux formes parfaites esquissent quelques pas de danse au milieu d'une nature idyllique. Avec des couleurs suaves et une lumière douce, le jeune Raphaël offre une merveille d'élégance. "

  Raphaël illustre le thème très classique des Trois Grâces, divinités mythologique de la Beauté qui embellissent la vie des Dieux et des Hommes. Ce petit tableau (17x17 cm) est la seconde partie d'un diptyque. Dans le premier épisode, intitulé "Le songe du chevalier", Raphaël représente Thomas Scipion Borghèse, le probable commanditaire,  endormi, en armure, entouré de Vénus et de Minerve. Entre les deux déesses, le chevalier a choisi Minerve, préférant suivre la voie qui mène à l'élévation spirituelle plutôt que de succomber aux plaisirs terrestres éphémères. Les trois filles de Zeus tiennent à la main la récompese promise au jeune héros : les pommes du jardin des Hespérides, c'est à dire l'immortalité.

Une impression de sérénité émane de ces trois Grâces qui se dressent, silencieuses et éthérées, au milieu d'un paysage tranquille. Dans cette oeuvre, Raphaël se serait inspiré du revers d'une médaille portant l'inscription Caritas (Charité), Pulchritudo (Beauté), Amor (Amour), dont les trois Grâces sont la personnification. Ce petit panneau constitue l'un des sommets de l'esthétique classique de la Renaissance. Tout témoigne de la perfection de l'art de Raphaël : le rythme simple et cadencé des trois nus, la grâce des gestes et de leur subtil déhanchement, la disposition des figures dont les formes sinueuses se détachent sur le sol, le ciel et l'horizon bleuté.

La lumière enfin, d'une grande douceur, souligne la perfection des formes des trois corps et les unifie : on a l'impression qu'il s'agit d'une seule et même femme vue sous trois angles différents.  "

(Ci contre, "le songe du chevalier")